Etre parent, c'est rester le port d'attache

Publié le 1 novembre 2025 à 14:26

Être parent, c’est pour la vie.
De la première colère au premier chagrin d’amour, des nuits trop courtes aux départs vers la vie adulte… chaque étape nous transforme. On doute, on veille, on accompagne, on lâche prise. Et malgré les métamorphoses, une chose reste : notre présence.
Dans cet article, je partage mon propre parcours de mère — les joies, les peurs, les défis — et comment il nourrit aujourd’hui mon métier d’accompagnante parentale. Parce qu’être parent, c’est aussi apprendre à se réinventer… et à garder le lien, quoi qu’il arrive.

Être parent, c’est rester le port d’attache
On devient parent un jour… et on le reste pour toujours. Mais ce "toujours" n’a rien d’un long fleuve tranquille. C’est une traversée, parfois douce, parfois houleuse, où l’on apprend à naviguer sans carte, avec pour seul guide l’amour, l’intuition… et une bonne dose de doute.
Les débuts : quand l’impuissance nous serre le cœur
Je me souviens des premières années. De ces colères que je ne comprenais pas, de ces cris qui me traversaient comme des éclairs. Et de ce moment précis, gravé dans ma mémoire, où mon enfant, submergé, a tapé sa tête contre le sol. Que faire ? Que dire ? Comment réagir sans blesser, sans céder, sans perdre pied moi-même ?
Je me souviens aussi des nuits trop courtes, des fièvres qui montent, des respirations qui changent. De cette peur viscérale, animale, qui nous réveille en sursaut. Être parent, c’est veiller. C’est poser sa main sur un front brûlant en espérant que ça suffira.


L’école : accompagner sans s’effacer
Puis vient l’école primaire. Et avec elle, les devoirs, les évaluations, les comparaisons. Comment soutenir sans mettre la pression ? Comment encourager sans envahir ? J’ai appris à écouter les silences, à décoder les regards, à valoriser les efforts plutôt que les résultats. Mais j’ai aussi douté. Beaucoup. Suis-je trop présente ? Pas assez ? Est-ce que je fais bien ?

Et quand les difficultés scolaires s’installent, c’est tout notre équilibre qui vacille. On voudrait réparer, expliquer, alléger. Mais parfois, il faut juste être là. Offrir un regard qui dit : "Je crois en toi, même quand c’est dur."


L’adolescence : quand le lien se tend sans se rompre
L’adolescence… cette période étrange où nos enfants semblent s’éloigner, nous repousser, nous ignorer. Ils ne nous écoutent plus vraiment. Ils testent, ils cherchent, ils se construisent. Et nous, on vacille entre colère, tristesse et nostalgie.
Mais derrière les portes fermées, il y a encore des besoins. Derrière les silences, des appels. Être parent d’un ado, c’est apprendre à rester disponible sans être envahissant. C’est accepter de ne pas tout savoir, tout contrôler. C’est garder le lien, même quand il devient ténu.
Et puis, il y a les premiers chagrins d’amour. Ceux qui font mal, qui bouleversent, qui nous rappellent nos propres blessures. On voudrait consoler, réparer, dire que ça passera. Mais souvent, il suffit d’être là. De préparer un chocolat chaud. De laisser la place aux larmes.

L’envol : quand nos enfants deviennent grands… et libres
Et puis, un jour, ils s’envolent.
Ils quittent la maison, parfois pour leurs études, parfois pour un travail, parfois pour l’amour. Ils prennent leur vie en main, font leurs choix, construisent leur propre quotidien. Et nous, parents, nous restons là, un peu émus, un peu fiers, un peu déboussolés.
C’est une page qui se tourne. Une page qu’on savait venir, mais qui fait tout de même frissonner. On se demande : ont-ils tout ce qu’il faut ? Ont-ils assez de repères, de ressources, de confiance en eux ? Et surtout… vont-ils encore avoir besoin de nous ?
La réponse, c’est oui. Mais autrement.
Notre présence reste précieuse, même si elle change de forme. On devient un repère, un refuge, une oreille attentive. On n’est plus au centre, mais on est toujours là. Pour les coups durs, les questions existentielles, les retours à la maison quand le monde fait trop de bruit.
Être parent d’un jeune adulte, c’est apprendre à aimer sans intervenir. À soutenir sans imposer. À être là… sans être partout.Et c’est aussi, parfois, se réinventer. Retrouver du temps pour soi. Revenir à ses propres désirs, ses propres projets. Parce que si nos enfants s’envolent, cela ne signifie pas que notre histoire s’arrête. Elle continue. Elle s’élargit.


Être là, quoi qu’il arrive
Ce que j’ai compris, au fil des années, c’est que la parentalité n’est pas une série de réponses parfaites. C’est une présence. Une constance. Une manière d’aimer qui évolue, mais ne faiblit pas.
Être parent, c’est parfois se taire quand on voudrait parler. C’est parfois parler quand on voudrait fuir. C’est accueillir, même quand ça nous coûte. C’est garder le lien, même quand il se transforme.
Et c’est aussi, souvent, se pardonner. Pour les cris, les maladresses, les absences. Pour les moments où l’on a fait de notre mieux… mais que notre mieux n’était pas suffisant.

 

Et aujourd’hui…
Aujourd’hui, je suis accompagnante parentale. Et si j’ai choisi ce métier, ce n’est pas par hasard.
C’est parce que je sais, de l’intérieur, ce que c’est que de douter, de tâtonner, de chercher des repères. Je sais ce que c’est que de se sentir seul face à une colère d’enfant, à une difficulté scolaire, à un ado qui s’éloigne ou à un jeune adulte qui ne demande plus rien.
J’accompagne les parents non pas avec des recettes toutes faites, mais avec une écoute profonde, des outils concrets, et surtout… une immense bienveillance. Parce que je crois que chaque parent mérite d’être soutenu, reconnu, valorisé.
Et parce que, dans chaque étape de la parentalité, il est possible de retrouver du souffle, du sens, et du lien.